"Apprendre l'histoire pour comprendre le présent".
La journaliste au Canard Enchainé, Dominique Simonnot, vient de publier un bel ouvrage "Plus noir dans la nuit" consacré à l'histoire méconnue des mineurs du Pas-de-Calais. Si on peut regretter un style littéraire ennuyeux voire fastidieux, on sort forcément bouleversé de la lecture de ce récit poignant. Je résume. 1941: les mineurs sabotent et se mettent en grève pour ne pas fournir le Reich en charbon. L'occupant réagit: fusillade, déportations. Les survivants sont des héros de la résistance. 1945: le gouvernement qui allie gaullistes, socialistes et communistes demandent aux mineurs un effort surhumain pour la reconstruction du pays. Il faut extraire du charbon plus et plus vite. Les mineurs se sacrifient à la tâche dans l'intérêt du pays. 1948: le gouvernement remet en cause les "avantages" des mineurs. Décision prise par un ministre...socialiste. Les mineurs lancent une grève. Jules Moch, ministre de l'Intérieur socialiste, bombe le torse et envoie les CRS et l'armée. Un slogan est inventé "CRS = SS". Car les mineurs ont déjà vécu le même acharnement lors de l'occupation allemande. Le gouvernement ne plie pas face à la populace. Dans le Pas-de-Calais plus de 700 mineurs sont condamnés par les tribunaux de Béthune et d'Arras à de la prison ferme. La cour d'appel de Douai alourdit les peines... Les grèvistes sont licenciés sur le champ par les houillères. Un mineur viré perd son boulot et son salaire mais aussi son logement, le médecin etc. La plupart errent dans la misère. Quand ils retrouvent un travail, les houillères interviennent pour que le contrat soit immédiatement rompu. Les houillères dirigent tout dans le bassin minier. Un certain François Mitterrand félicite les forces de l'ordre qui ont tiré sur les grèvistes. 1981: les mineurs espèrent que la gauche au pouvoir acceptera de réparer les injustices dont ils furent victimes. Ils écrivent aux ministres. Aucun ne répond autrement qu'avec la formule habituelle "Monsieur le Ministre a pris connaissance avec intérêt de votre missive et charge Tartampion de lui donner la suite...". Les mineurs ne désarment pas. Ils relancent sans cesse. En vain. Les généraux félons de la guerre d'Algérie ont été amnistiés par le PS et ont vu leur carrière militaire reconstituée. Les mineurs n'en demandent pas d'avantage. Un peu de justice sociale. Mais c'est trop pour les gouvernants. Lionel Jospin rassure: il transmet le dossier à Martine Aubry. Martine transmet à ses services... et puis plus rien. Que du mépris.