Christiane Taubira est une très grande ministre. Si, si. Chaque jour, on nous invite avec insistance à saluer son courage (immense) et son talent (prodigieux). A côté d'elle, Robert Badinter n'a plus qu'à courber modestement l'échine. Elle a même été nommée "Femme de l'année" par le magazine Elle. C'est dire. Sauf que... Au risque de me répéter, mais le temps passe, en sa qualité de ministre de la Justice (c'est tout de même sa fonction !), l'idôle intouchable n'a strictement rien fait. Rien ou quasiment. Aucune réforme d'envergure en tout cas et l'institution judiciaire demeure scandaleusement le parent pauvre et délaissé du budget de la nation. Si ce n'est que la ministre de "gôche" envisage sérieusement une justice sans juge... Ce n'est pas nouveau, pour faire des économies, on déjudiciarise au maximum. Après les juges de proximité et les délégués du procureur qui ont remplacé les magistrats qui manquent, le gouvernement envisage de transferer aux greffiers la gestion des divorces par consentement mutuel. Ce n'est peut être qu'une réforme de transition. A l'avenir, j'imagine, on pourra divorcer au bar-tabac du coin entre deux chopines sous l'autorité avisée d'un cabaretier sympathique. Fort de cette expérience forcément positive, on pourra généraliser le nouveau principe d'une justice enfin populaire et tout se jugera dans un bistrot de proximité. Et aura t'on encore besoin d'un ministère de la Justice ? Ben, non...