Inutile de lire le récent ouvrage d'Isabelle Giordano, qui ne manque pourtant pas de talent, consacré à Martine Aubry. L'éditeur a beau annoncer un "portrait sans concession d"un personnage mystérieux, avec pour décor le monde romanesque et violent de la politique", il ne s'agit nullement d'un livre d'enquête mais d'une maladroite hagiographie. Rien de neuf, aucune révélation, pas la moindre analyse pertinente. Isabelle Giordano plagie Isabelle Giordanno qui avait déjà offert un livre hommage à la Maire de Lille, il y a 9 ans, pour contrecarrer l'ouvrage à succès de Philippe Alexandre sur la Dame des 35 heures. Femme aux 2 visages: méchante en façade, charitable au fond d'elle-même. Sérieuse et déconneuse. Travailleuse mais bonne vivante. Etc... La parisienne, la lilloise. Martine, mal aimée. Si, si. L'auteure relate les durs propos d'Arnaud Montebourg à son endroit. Que des insultes grossières. On ne trouve pas le moindre argumentaire critiquant la grande cheftaine du PS. Que des incompréhensions, que des manques de reconnaissance, à Paris. A Lille, tout le monde l'adore ! Si, si. Isabelle Giordano narre admirative l'incontournable cérémonie des voeux à l'hôtel de ville où se presse le Tout Lille. Chacun veut s'approcher de la lumière, Martine. Lui souhaiter une bonne année. "Lui serrer la main semble procurer une satisfaction orgasmique" souligne l'auteure. Osé, non ? Elle n'aime décidément pas les journalistes, on le sait. Mais, on apprend dans le livre qu'elle a trouvé une parade: elle ne lit plus aucun journal. Voire... Revenons à Lille. Isabelle la parisienne découvre l'oasis lillois, un petit jardin d'Eden. Les maisons de quartiers y poussent comme des champignons... C'est le sultan Walid Hanna, l'adjoint aux quartiers, qui sert de guide. "Ici, à peine êtes-vous sorti de la grande librairie "le furet du Nord" que vous pouvez, en marchant, vous retrouver face à des barres d'immeubles HLM ou une maison de quartier tagguée" s'émerveille Isabelle Giordano. "Walid Hanna a soigné la plupart des jeunes que nous croisons" s'étonne t-elle. On frôle Tintin au pays des soviets... La biographe interpelle Chti'Tine pour lui demander quels étaient ses échecs à Lille. Après un long silence, Martine lâche "On n'a pas réussi à se débarrasser du Libanais !". Voilà le sultan Hanna prévenu...
Sinon, on a droit, de nouveau, au papa, à la maman, au frère trop tôt disparu, à la fille Clémentine, au premier mari trop bourgeois, au second qui l'apaise, Jean-Louis B "une figure locale de la lutte pour les droits de l'homme" qui "a vite délaissé les codes bourgeois pour devenir "avocat des pauvres" plutôt que des riches. "Si seulement je pouvais défendre tous les gens de ma rue !" dit-il parfois pour résumer sa répulsion physique des injustices". C'est beau, non ? Bon, les gens de sa rue plutôt chicos du Vieux-Lille ne relèvent pas souvent de l'aide juridictionnelle... Peu importe, la fable est si belle. Bref, Martine ne se shoote pas à la politique, elle n'a d'autre souci que d'aider les plus démunis. Mère Térésa du Nord... Voilà c'est tout ou presque.