Pathétique. Dans l'après midi, quelques uns fêtent la condamnation de Pierre Mauroy dans un bistrot du vieux lille. Depuis des années, ils se l'étaient promis comme dans une vieille publicité franchouillarde: "je l'aurais un jour, je l'aurais...". Pierre Mauroy a été déclaré coupable d'abus de confiance et se voit infliger une peine symbolique de 20.000 € avec sursis. Une peine symbolique mais il y a des symboles lourds de sens qui accablent. Le colosse de Lille est terrassé. En colère. En colère mais effondré. Et surtout, complètement seul...
Souvenirs, souvenirs. Lors du procès de l'ORCEP (des socialistes de la Région ont vécu à bon compte en tripatouillant les comptes de cet office à vocation culturelle), le grand Pierre mouille sa chemise pour soutenir contre vents et marées ses camarades. Il témoigne. Épuisé, il me confie "Quelle épreuve !". Je fais le malin et lui rétorque "Monsieur le premier ministre, vous n'étiez que simple témoin. Être poursuivi, c'est une réelle épreuve". Gros Quinquin m'approuve "Vous avez raison. Cela doit être extrêmement pénible". Effectivement. Pierre Mauroy respecte la Justice et il la craint.
Triste fin de carrière pour le pape du socialisme qui se voit couronné d'une infâme condamnation. L'homme affaibli est venu devant ses juges pour entendre la sentence. Dignement. Nul ne l'accompagne dans cette ultime épreuve. Je suis l'un des rares qui viennent le saluer. Mais où sont donc tous ses "amis" socialistes qui lui doivent leur carrière ? Où sont celles et ceux que Pierrot a vaillamment défendu quand ils étaient eux-même dans une tourmente judiciaire ?Gros Quinquin fait face. Le Président du Tribunal expose les raisons qui motivent la condamnation. Pierre Mauroy ne peut plus se défendre. La messe est dite. Il ne comprend pas. Le parquet avait requis un non-lieu mais le juge d'instruction l'avait néanmoins renvoyé en correctionnelle. A l'audience du 3 décembre, le procureur de la république avait soutenu que rien dans le dossier ne permettait de considérer que l'ancien Maire de Lille puisse être reconnu coupable. "Mais qu'est-ce que je fais là" avait soufflé Pierrot. Tous les observateurs s'attendaient à une relaxe pure et simple. Mais, le Tribunal fait ce qu'il veut. En son âme et conscience.
Certains accusent déjà le Tribunal de complaisance ! Si, si. Une amende avec sursis. Que cela ! "Mes impôts, je ne les paye pas avec sursis" ironise un anonyme. Allons donc ! On a reproché à Pierre Mauroy un seul et unique emploi fictif au sein de la Communauté Urbaine de Lille durant quelques mois seulement et les faits datent d'il y a 18 ans. Un seul emploi fictif en près de 5O ans de carrière politique. Quasiment un exploit...
Une conférence de presse avait été annoncée dans l'enceinte même du Palais de Justice. Du jamais vu... Non, Pierre Mauroy n'est pas chez lui au Palais. Les journalistes sont invités à se rendre dans le cabinet de son avocat, juste en face. Pierre Mauroy fatigué ne peut s'y rendre à pied. Une voiture l'attend pour traverser la rue. Pathétique, vous disais-je.